2014, l’année des bâtisseurs

Alexandre Jardin le 27/12/2013

Ayons cette année confiance en nous, en notre initiative propre, pas en nos partis qui campent sur le marché de la promesse !

Sur lopinion.fr

Qui serons-nous cette année ? Des plaintifs, des victimes de nos lâchetés ou des rebelles à tout ce qui diminue notre joie ?

En 2013, nous avons accepté, une fois de plus, de coopérer avec un système politique que nous savons pourtant terminé, discrédité, inapte au redressement de notre pays. Nous avons continué d’appeler « Monsieur le Président » un petit bonhomme qui n’en est pas un, de nous soumettre à un État impotent qui chaque jour rabote nos libertés, improvise des emplâtres, fabrique des usines à gaz, annonce de l’action fictive, s’enorgueillit de « résultats » qui, quand ils ne sont pas des trompe-l’œil, ne doivent rien à son initiative mais tout à la nôtre. Nous avons vu un peuple léthargique accepter sans révolte franche que soit voté l’article 20 de la loi de programmation militaire qui – fait sans précédent dans une démocratie occidentale – donne à l’administration le droit de fouiller dans notre Internet sans le contrôle d’un juge ; et il ne s’est même pas trouvé soixante députés d’opposition assez réveillés pour saisir le Conseil constitutionnel afin d’annuler cette loi digne de Gorge W. Bush ! Nous avons toléré – et cela depuis trente ans – qu’une bande d’énarques conserve la mainmise sur la vie de nos entreprises, de nos écoles aux résultats socialement scandaleux, de notre système de santé en capilotade (visitez nos urgences) ; car il va de soi que nos élections n’organisent plus que l’alternance de nos énarques, assurant ainsi la domination sans partage d’un mode de pensée étatique dément, non-professionnel, qui nous sort peu à peu de l’Histoire et pousse à l’exil nos forces vives, nos jeunes diplômés. Nous avons donc été coresponsables du maintien d’un pseudo « modèle français » qui ravage les classes populaires, surtaxe les classes moyennes et épouvante la classe entreprenante tout en désespérant ceux qu’habite une conscience sociale aiguë. Pire, nous nous sommes couchés devant la fatalité qui a pour nom Front national en acceptant par avance que déferle cette vague d’imbécillité économique et d’inhumanisme patent.

Alors qui serons-nous l’an prochain ? Des effrayés qui se réfugieront derrière le panache illusoire d’un Sarkozy qui – nous le savons tous – n’a pas en cinq ans modifié le logiciel économique français alors qu’il en avait reçu le mandat du peuple ? Des apeurés qui, par réflexe identitaire, serreront les rangs derrière un parti socialiste qui préfère sa doxa à la réalité d’un peuple pressuré et désemparé ? Des suiveurs de vieux réflexes, des écouteurs de vieilles recettes, des somnambules inquiets d’être réveillés ?

Aurons-nous au cœur l’envie de diffuser les initiatives positives qui pallient, un peu partout, aux carences publiques ? Montrerons-nous par nos actes, en délaissant un peu notre routine, que la société civile est digne de confiance ? Arrêterons-nous enfin de faire, à droite comme à gauche, des think-tanks pour mettre en place des do-tanks responsables et garants de la France ? Ma conviction est que, pour que naisse une société de la confiance, il faut que la société civile démontre librement par ses actes que « c’est possible », que l’on peut se passer de la tutelle si peu créative de nos énarques.

Ayons cette année confiance en nous, en notre initiative propre, pas en nos partis qui campent sur le marché de la promesse, ni en nos pseudos « hommes providentiels » qui, nous le savons bien, n’en sont pas. Le règne des abuseurs doit cesser, celui des « faiseurs » débuter. Alors, si nous lâchons nos vieilles fidélités toxiques, 2014 sera l’année du recommencement !