Archive for September, 2019

Convenor

Friday, September 20th, 2019

 

Change: When to Engage?

Wednesday, September 18th, 2019

 

Birmingham Life Expectancy

Wednesday, September 11th, 2019

Stunning picture that shows how life expectancy changes across Birmingham by train station stop.

So much to say (beyond "for God sake, go North"). Of course, the 10 years discrepancy coming from life style is already well known, but such a "train stations distribution" is quite brutal.

WHO will make the change happen?

Tuesday, September 10th, 2019

Helen Bevan (@helenbevan) excels at producing evidence on the best ways to "rock the boat" (and the boat she has to instill change into is a huge rusted vessel). Here are two recent illustrations, along with her comments.

Often in big change initiatives, we focus on the people with power in the formal system. Yet the people who can make or break the change are typically a completely different set of people. We need to work with both. Thanks @LeandroEHerrero for the inspiration.

I would like to shift the balance in leadership thinking from inward to outward mindset (& have a system that rewards an outward mindset).

Zombie factory

Saturday, September 7th, 2019

Le pire est que les patients XY sont de notre côté, enfin je le crois dans leur grande majorité, car plus personne ne se sent protégé de la précarité. Récemment j'ai fait un truc nouveau, lors d'un moment de désespoir j'ai balancé sur Facebook l'histoire d'une famille composée d'un couple très âgé (H93 F84) très malade (cancer colon stade palliatif et diabète multicompliqué sous insulines) vivant avec 2 de leurs enfants, jumeaux de 43 ans schizophrènes et toxicomanes, reconnus handicapés >80% et percevant l'AAH. L'un des jumeaux a mis le feu au logement mi juin, lors d'un délire aggravé par je ne sais quel produit encore, sachant que son frère et lui ne sont pas suivis car les psychiatres abdiquent en raison de la toxicomanie et les addictologue à cause de la schizophrénie, cela depuis 25 ans que je les connaîs.

Du coup ils se sont retrouvés sans logement et sont partis à l'hôtel. Et là patatras! La collectivité découvre que personne ne veut reloger les fils. On veut bien des parents mais il faut qu'ils abandonnent leurs fils à la rue, y compris en signant un document officiel qui les engagera s'ils veulent rester dans le nouveau logement! On leur demande même d'interdire purement et simplement l'accès à leur domicile de leurs fils, qu'ils savent non autonomes et donc en danger de mort s'ils se retrouvent SDF (combien de ces patients avec cette comorbidité sont déjà morts ici sur secteur de Roubaix, le chiffre est énorme, en 25 ans d'activité j'ai des noms et noms sans arrêt qui me viennent à l'esprit, parfois dès 18 ans!).

Évidemment la maman s'y refuse immédiatement en protestant. Personne ne l'écoute et immédiatement, la collectivité locale arrête de payer les nuitées d'hôtel! Ce sont leurs 2 infirmières libérales, qui passent 3 fois/j pour l'insuline qui payent l'hôtel et qui apportent de la nourriture préparée. Incroyable! Finalement le papa indique qu'un neveu possède une maison qu'il veut bien leur prêter. Ils s'y rendent, mais il n'y a ni électricité ni eau dans cette bicoque inhabitée depuis des années et qui serait soit disant en vente. Le couple très âgé va y rester 15 jours et y passer les pires jours de canicule, sous 41 degrés, alors que dans le restant de la ville une grande opération anti canicule pour les personnes âgées bat son plein! Ubuesque.. Ce sont une fois de plus leurs 2 IDEL qui apporteront des pack d'eau fraîches et des jerricanes pour un semblant de toilettes. Ils font leurs besoins dans le jardin.. Finalement, leurs neveux les foutent dehors en apprenant que la collectivité ne fait rien et n'a rien prévu pour eux. Il faut dire que la famille était déjà un peu brouillée, et que de toute façon sans eau, comment survivre ? Il retournent dans un hôtel low-cost de la ville, louent une chambre pour 2 et y font dormir leurs enfants par terre la nuit pour ne pas éveiller les soupçons. Les IDEL continuent d'apporter de la nourriture et de mettre la main à la poche pour payer l'hôtel car comme ils n'ont plus aucun papier, tout est resté détérioré dans la maison incendiée, et comme plus aucune structure sociale ne veut s'occuper d'eux car « ils refusent obstinément d'abandonner officiellement leur enfants schizophrènes », ont les laisse tomber complètement !

Le gérant de l'hôtel finit pas s'apercevoir de la présence des jumeaux et vire tout le monde. La famille se réfugie donc dans un autre hôtel low coast de la commune voisine, Tourcoing, où une fois de plus il fait continuer à la nourrir et à l'aider à payer les nuitées. Entre temps j'ai réussi à m'intégrer aux équipes associatives et des services sociaux chargés du logement social et du suivi spécifique des personnes âgées. Il y a beaucoup de monde et beaucoup de structures différentes, ce qui complique la tâche, jusqu'à ce que l'une d'entre elle décide d'une réunion de concertation. C'est là que j'ai vu le nombre très impressionnant de travailleurs sociaux, puisqu'il a fallu au dernier moment trouver une salle suffisamment grande pour tous les accueillir. Mais après 2 heures de discussions, il n'est rien sorti de cette démonstration de forces sociales : « tant que le couple n'abandonnera ses enfants à la rue, il n'y aura aucun relogement possible ». Les bras m'en sont tombés, et dans un accès de colère j'ai mis l'affaire en ligne sur Facebook. Je n'en étais pas fier, car il s'agit d'une transgression du secret médical que j'ai dû faire peser dans la balance, mais compte tenu de la gravité extrême de la situation je ne suis pas revenu sur ma décision.

Et c'est là que j'ai vu que les gens du peuple suivraient l'affaire de prêt tout en exprimant leur dégoût quant à ce qu'est devenue la solidarité et la valeur humaine. Car à Roubaix, ces patients présentant une affection psychiatrique associée à une toxicomanie sont légions, ils emmerdent tout le monde un peu partout, dans les salles d'attente des médecins chez lesquels vous amenez vos enfants, dans les commerces et les structures à vocation sociale et surtout dans la rue. Il faut en avoir croisé un ou une pour savoir ce que c'est. C'est souvent très impressionnant. Ce qui s'en rapproche le plus dans les cas les plus extrêmes est le zombie de base dans les films qui leurs sont dédiés, mais là sans maquillage ni jeu de rôle, tout y est, la démarche et la voix aussi. Tout le monde s'en détourne mais sans peur panique car la ville de Roubaix s'est habituée à leur présence, enfin pas de trop prêt non plus.
Roubaix est aussi la ville où par nombre d'habitants les psychoses chroniques sont les plus nombreuses, ce qui est attesté par tous les psychiatres y travaillant, en CMP j'entends car ces patients sont peu compatibles avec les exigences de l'exercice libéral mélangé et sur rendez vous.

Le hic est que la ville est aussi gangrenée de longue date par la toxicomanie, et que ces patients psychotiques sont des proies extrêmement faciles pour les dealers, ainsi que solvables car le plus souvent bénéficiaires de l'AAH (allocation adulte handicapé de 870€/mois). J'ai vu et vois des dealers venir sonner chez ces patients le 6 du mois, jour de la « sainte touche » pour les accompagner à la poste, pour qu'ils payent leurs dettes du mois suivant et refassent le plein de « marchandises ». La consommation de stupéfiants aggrave la psychose et peut entraîner des épisodes de violences avec auto et hétéro agressivité, encore plus que l'alcool qui est très souvent de la partie et autant que certains médicaments psychotropes tels les benzodiazépines (famille du VALIUM). Tout mélanger ensemble est un cocktail explosif, surtout si on y ajoute la désocialisation sans aucune activité d'échanges et l'absence de soins et de traitement, pour les raisons déjà expliquées, ces malades ne rentrent ni dans les « cases » des psychiatres, ni celles des addictologue. On en retrouve parfois chez de très rares médecins généralistes qui tentent désespérément une prise en charge, en sachant qu'elle ne sera que palliative, mais il essaient au moins d'éviter les crises de manque en prescrivant des traitements substitutifs aux opiacés pour combattre les accès de violences que pourrait générer le manque, c'est très fréquent. Mais là aussi, la sécu veille, et comme ces malades ne sont fatalement jamais dans les clous quant à l'observance ou l'usage qu'ils font de la prescription, les médecins qui se lancent dans le suivi de tels patients, en 1er lieu car ils sont membres d'une famille déjà suivie par le médecin dit « de famille », sont très vite repérées par la CPAM qui les somme d'arrêter immédiatement, sinon les convoque et les menacent jusqu'à ce qu'ils obtempèrent. Cela a tendance à changer sur mon secteur mais reste extraordinairement tendu, au point qu'aucun médecin ne se risque plus dans l'aventure, car cela en est une croyez moi. Les jumeaux dont je parle dans cette affaire n'ont d'ailleurs pas de médecin traitant déclaré, même moi j'ai abdiqué dans certains cas extrêmes, croyant faire pression sur la CPAM en le faisant après ma suspension d'exercice de 2 mois fermes (exercice dangereux avec comme seul argument l'hyperactivité à 55 actes/jour en moyenne en désert médical urbain et quelques cas d'association de benzodiazépines aux TSO, subutex ou méthadone, c'est tout..), mais la CPAM s'en fout complètement qu'ils n'aient plus de médecin traitant déclaré, car elle pense comme beaucoup pensent : « vivement qu'ils meurent ». Je suis trash mais à la mort de nombre de ces patients c'est ce que j'ai pu entendre, des «oufs» de soulagement..

Voilà pourquoi j'ai balancé cette histoire au public, pas seulement pour dénoncer la cruauté du système vis à vis des parents très âgés et très malades des jumeaux de 43 ans, malades aussi mais justement pour mettre en lumière l'extrême difficulté des soins à leur apporter dans les conditions et les moyens actuels, carrément inexistants! Et maintenant, sachez qu'après avoir Facebooké l'histoire, la pression est montée d'un cran grâce au feu et à la fumée engendrés. La police et la préfecture, le cabinet du Maire et la direction de l'hôpital de Roubaix se sont joints activement aux débats. Mais… il n'y a rien eu à faire, il fallait encore et encore se débarrasser des jumeaux! Où? Personne ne l'a précisé, mais s'en débarrasser! Comment? Une éventualité a été citée, celle de leur hospitalisation sous la contrainte. C'est moi qui y avais pensé au départ, mais encore fallait-il trouver un tiers pour signer la demande et avoir l'assurance que les patients pourraient rester hospitalisés suffisamment longtemps pour recevoir des soins, ce qui jusqu'à maintenant en psychiatrie ne s'est JAMAIS produit, ces malades ressortent au bout de 48h en général. C'est alors qu'une HO (hospitalisation d'office) à été proposée, car elle n'engage aucun tiers mais s'organise autour du Maire et du préfet. Réservée au cas extrêmes, représentant un danger pour la population, cette mesure s'accompagnant d'une privation de liberté a été, et je les en félicite, rejetée par le commissaire de Police et le directeur de l'hôpital en concertation avec les psychiatres y exerçant. En effet, il ne faut jamais « jouer » avec cet outil, utilisé par la majorité des régimes totalitaires ou policiers pour se débarrasser des opposants, je suis fier d'être citoyen d'un pays qui s'en rend compte, et tout le monde devrait l'être avec moi. Devant ce refus il restait hospitalisation sous la contrainte aussi mais à la demande d'un1/3, moins contraignante pour le patient mais là encore hors des clous car abusive, d'ailleurs le psychiatre de la CMP du secteur des jumeaux s'y est opposé pour cette raison, donc fin du chapitre..
Je vais abréger la suite pour qu'on y passe pas la nuit rassurez vous, mais il faut que vous sachiez, pour vous ou vos enfants comment se gèrent ces situations qui peuvent concerner tout le monde, car la schizophrénie touche 1% de la population et la toxicomanie, qui l'aggrave et vice versa, je ne vous fait pas de dessin.

Je remercie le Maire de Roubaix @GDelbar qui a été extrêmement attentif à toutes les explications remontant du terrain que je lui ai présentées, par écrit et par de longues conversations téléphoniques, alors qu'il était en vacances de surcroît. Sans fayoter 😏 je peux vous dire qu'il a une grande capacité d'écoute, de compréhension et de synthèse, car je lui ai balancé des infos par palettes entières, en pleine poire car il s'agit de « sa » ville et que ce n'est jamais agréable d'entendre des choses qui vont très mal, sans se braquer, sans culpabiliser, ce que jusqu'à maintenant ont font beaucoup d'élus, c'est à dire mettre la poussière sous le tapis en espérant qu'elle ne ressortira pas de l'autre côté juste avant la prochaine élection..

À l'issu de nos échanges, Guillaume DELBAR a immédiatement conclu qu'il fallait créer la structure de soins dédiée à ces nombreux malades, pour eux, pour les familles et les citoyens qui vivent autour et aussi pour lutter contre la toxicomanie, car ces malades sont un des fond de caisse des dealers avec leur AAH et tout ce qu'ils peuvent commettent collés délits pour trouver de l'argent, sans limites car non traités et non suivis. Le Maire et son équipe, et notamment @jeanderoi le Maire des quartiers Nords, particulièrement touchés par la drogue et les pathologies psychiatriques graves, sont sur un projet d'échanges avec l'ARS et @agnesbuzyn, dans les semaines ou les mois qui viennent. Ici, tout le monde a compris. Ouf..

Du coup le couple très âgé s'est vu prendre en charge ses nuitées à l'hôtel par le CCAS de @roubaix, ce qui est la moindre des choses après un incendie et quelles que soient les conditions existantes, en les négociations ont repris avec les bailleurs sociaux. Un logement T3 a été réservé pour cette famille, avec 2 chambres, donc une pour les jumeaux, avec si un suivi rapproché se met en place en ambulatoire, c'est à dire en allant au devant d'eux plutôt que d'attendre qu'ils viennent à la consultation en CMP (ou qu'ils meurent..) minimisera au maximum les risques de complications liés à leurs pathologies, et les soignera surtout, enfin! C'est à cela que devrait s'engager la psychiatrie du secteur, que l'on sait débordée, à bout de force, mais peut être cela aidera à ses demandes incessantes de moyens supplémentaires.

Enfin je voudrais vraiment féliciter le bailleur qui s'engage ici et sauve la situation, car sans lui et si la Mairie avait décidé (mais je ne l'en croit pas capable) de suspendre la prise en charge des nuitées à l'hôtel « première classe » (ça ne s'invente pas 😏), le couple de 93 et 84 ans était à la rue dès aujourd'hui! J'ajoute que le Monsieur de 93 ans présente une pathologie qui sans suivi spécialisé, ce qui a été le cas depuis juin et jusqu'à maintenant, peut engendrer des complications gravissimes avec pronostic vital engagé. Il serait mort SDF, mais n'y pensons plus, cela ne s'est pas produit. Merci aux IDEL, toujours là et sans lesquelles une catastrophe serait survenue. Merci à Mme HADDADI de l'AGSS de l'UDAF, chargée par un juge de suivre le couple, hyper humaine. Merci à tous les services sociaux de la ville qui qui ont tout fait, mais à l'impossible nul n'est tenu. Merci au directeur de l'hôpital de Roubaix Et au commissaire de Police pour avoir été les garants de notre liberté d'aller et venir, quoi qu'il arrive, en rappelant la loi et les règles.

Et enfin bonne chance à la nouvelle structure de soins après présentation à @agnesbuzyn et à l'ARS d'une problématique qui tel un vide juridique est un vide en matière de soins conjuguant #psychiatrie et #addictologie, très loin de ne concerner que @roubaix mais tout notre territoire.


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