Archive for October, 2008

Les Clubbers à la Case

Saturday, October 25th, 2008

La Case de Santé est un de ces lieux rares qui diffuse des ondes particulières.

Si l’ami Charles Hambourg et son équipe ont réalisé des travaux considérables, les murs ont probablement conservé la chaleur de l’ancienne boulangerie et la pàte qu’on y travaille est désormais encore plus empreinte d’humanité. Il faut aller pousser la porte du 17 place Arnaud-Bernard à Toulouse pour découvrir un lieu réellement conçu pour prendre soin des êtres humains et réaliser combien il diffère des endroits où on se contente de soigner.

Assez naturellement, les thèmes débattus lors des 13èmes ateliers du CISP Club à la Case ont beaucoup traité de l’accès aux soins pour les plus démunis et des déterminants sociaux de la santé. C’est un domaine très paradoxal, où les études sur de vastes populations démontrent l’importance considérable des facteurs sociaux sur l’espérance de vie sans que l’art médical ne s’en empare aucunement. Bien au contraire, les acteurs qui sont en première ligne peinent à exister.

C’est caricatural à Toulouse, où la Case est en situation précaire et la Permanence d’Accès aux Soins de Santé (PASS) de l’hôpital contrainte, pour défendre son existence, de justifier de l’extrême modestie de son budget !

Je suis persuadé que cette argumentation « low cost » est perverse. La théorie économique nous enseigne qu’un acteur doté d’un budget fixe B et devant choisir ce qu’il consommera au sein d’un panier de services (acheter une quantité Qi du service Si au prix unitaire Pi) a de fortes chance d’arbitrer selon les deux équations suivantes :

Budget équilibré : B = Q1*P1 + Q2*P2 + …. + QnPn

Satisfaction maximale : choix de Q1, Q2… Qn pour maximiser Q1*U(S1) + Q2*U(S2) + … + Qn*U(Sn) où U(Si) représente la fonction d’utilité du service Si pour le décideur.

Le choix d’allouer un budget à un service dépend donc directement de sa fonction d’utilité.
Un service qui apporte peu de satisfaction n’a aucune raison d’être consommé (y compris en petite quantité) même s’il n’est pas cher – le seul espoir est qu’après arbitrage entre les autres services il reste un reliquat, un petit vide que seuls des services pas chers puissent combler.
Au contraire, l’acteur qui accorde une très grande utilité à un service particulièrement onéreux est généralement prêt à s’endetter pour pouvoir en bénéficier (et à accepter que la somme des Qi*Pi soit supérieure à B).

C’est donc avant tout sur la fonction d’utilité qu’il faut travailler ! Évidemment, lorsqu’on a dit ça, on n’est pas beaucoup plus avancé car il reste à déterminer comment augmenter la fonction d’utilité ressentie par l’allocataire du budget (de l’hôpital, de la région…). Et il y a de fortes chances qu’il trouve plus désirable d’écouter le chant des sirènes de la haute technologie valorisante que la complainte des défavorisés.

Pourtant, plusieurs présentations de ces ateliers du CISP Club ont apporté des arguments forts pour promouvoir les déterminants sociaux en santé au rang d’axes majeurs d’optimisation du système. Ce serait peut être un enjeux stratégique pour l’évolution vers un nouveau paradigme en santé que de livrer cette bataille à Toulouse.

Pour finir sur un point plus léger, je voudrais saluer l’une des initiatives remarquables de la Case de santé : la Cantine de la Case.

Tous les derniers samedis du mois, la Case organise un repas à prix libre avec ses usagers. Je me souviens avoir fait un flop magistral sur une liste médicale en émettant l’idée que les médecins devraient aller auditer de temps en temps le réfrigérateur de leurs patients. Je reste persuadé que l’expression « on est ce que l’on mange » est particulièrement vraie en santé. Les Cantines de la Case vont dans ce sens, en y ajoutant le partage et la dimension festive. Evoquer les enjeux de la nutrition y est également l’occasion de faire participer les usagers aux enjeux de la Case… et de passer un bon moment autour d’un repas à thème (en général la gastronomie d’un pays).

Ceux qui pensent qu’un centre de santé communautaire est un endroit nécessairement aride et réservé aux « purs », aux militants et aux nécessiteux – et j’avoue que c’est l’idée que je m’en faisais – prendront un grand plaisir à fréquenter cette cantine là ; d’abord parce que la Case est un lieu qui mérite le détour, et surtout parce que sa chaleureuse équipe sait à merveille faire partager son enthousiasme.

Cerise sur le gâteau, si vous insistez assez, il est possible que Charles sorte son accordéon pour accompagner Aline dans un répertoire de guinguettes ; c’est vraiment un moment exceptionnel dont les membres du CISP Club se souviendront longtemps.

Chauffe Charles

Il est vrai que Manuel les épaulait à la guitare ; mais peut-être qu’en insistant beaucoup il pourrait venir de Bruxelles pour l’occasion… et, après les bords de Marnes, téléporter la Cantine à Cuba le temps de quelques chansons.


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