Le cardiologue, Knock ou doudou ?
Saturday, November 26th, 2022Les patients qui étaient vus toutes les années pour rien par le confrère parti à la retraite ont du mal à décrocher. Malgré mes explications, ils continuent à prendre rendez-vous « pour un contrôle ».
Évidement, à côté, je refuse des patients qui voudraient me voir parce (1/2)— Jean-Marie Vailloud (@grangeblanche) November 26, 2022
Les patients qui étaient vus toutes les années pour rien par le confrère parti à la retraite ont du mal à décrocher. Malgré mes explications, ils continuent à prendre rendez-vous « pour un contrôle ».
Évidement, à côté, je refuse des patients qui voudraient me voir parce que ça ne va pas. 🤬🤬🤬
En fait, c’était Knock, mais en vrai.
Je l’ai déjà dit, mais un jour, j’ai compris un truc fondamental du métier de cardiologue. Ça a fait un déclic, et ma vision du métier a changé.
On nous voit comme arrogants, faisant une spécialité complexe et effrayante, et très techniciens.
Il y a du vrai (pour l’arrogance, notamment). Mais la vérité fondamentale de notre spé est ailleurs.
Nous sommes les doudous des autres médecins et des patients. Comme les doudous, nous rassurons bien plus que nous protégeons contre les dangers.
Objectivement, je passe mes journées à rassurer des confrères (simplement hier: DDimeres à 6 chez une dame de 96 ans, pas dyspnéique), ou les patients.
Pour ces derniers, je passe les journées à confirmer à des adultes qui font n’importe quoi (tabac, alcool, gras, sel, sédentarité marmoréenne, cocaine, cannabis) que ce n’est pas bon pour leur santé.
Et finalement mon intervention change vraiment la vie de très peu de patients, peut-être 1/10.
Mon métier, en vrai, c’est doudou.
Le confrère qui est parti et sur lequel je peste depuis des mois est en fait bien plus intelligent que moi.
Il a compris ça bien avant moi, et il a décidé d’en faire son métier.
Il voyait bien 80-85% de gens qui n’avaient rien toutes les années. Ça les rassurait et ça rassurait leur MG, tout le monde était content. C’était un très bon doudou.
Moi, je suis un mauvais doudou. J’aimerais bien soigner objectivement les patients. Mais c’est compliqué.