La paix. Que cherchons-nous d’autre qu’elle au moment où la planète flirte avec le vide ?

January 3rd, 2025

Il est des textes qui restent comme un phare, comme la preuve d’une intelligence, malheureusement souvent négligé, de la complexité d’une situation. Cette « Lettre ouverte au président de la République française » par Dominique Eddé est sans contexte de cette trempe. Publiée le 20 octobre 2023 dans L’Orient – Le Jour, elle n’a pas pris une ride un an plus tard. Le constater peut sembler une marque d’inutilité – puisque c’est signe que rien n’a été fait, c’est surtout fournir un repère moral à ceux qui partagent la conscience que « la planète flirte avec le vide » et cherchent le moyen d’agir.

Monsieur le Président,

C’est d’un lieu ruiné, abusé, manipulé de toutes parts, que je vous adresse cette lettre. Il se pourrait qu’à l’heure actuelle, notre expérience de l’impuissance et de la défaite ne soit pas inutile à ceux qui, comme vous, affrontent des équations explosives et les limites de leur toute puissance.

Je vous écris parce que la France est membre du Conseil de sécurité de l’ONU et que la sécurité du monde est en danger. Je vous écris au nom de la paix.

L’horreur qu’endurent en ce moment les Gazaouis, avec l’aval d’une grande partie du monde, est une abomination. Elle résume la défaite sans nom de notre histoire moderne. La vôtre et la nôtre. Le Liban, l’Irak, la Syrie sont sous terre. La Palestine est déchirée, trouée, déchiquetée selon un plan parfaitement clair : son annexion. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les cartes.

Le massacre par le Hamas de centaines de civils israéliens, le 7 octobre dernier, n’est pas un acte de guerre. C’est une ignominie. Il n’est pas de mots pour en dire l’étendue. Si les arabes ou les musulmans tardent, pour nombre d’entre eux, à en dénoncer la barbarie, c’est que leur histoire récente est jonchée de carnages, toutes confessions confondues, et que leur trop plein d’humiliation et d’impotence a fini par épuiser leur réserve d’indignation ; par les enfermer dans le ressentiment. Leur mémoire est hantée par les massacres, longtemps ignorés, commis par des Israéliens sur des civils palestiniens pour s’emparer de leurs terres. Je pense à Deir Yassin en 1948, à Kfar Qassem en 1956. Ils ont par ailleurs la conviction – je la partage – que l’implantation d’Israël dans la région et la brutalité des moyens employés pour assurer sa domination et sa sécurité ont très largement contribué au démembrement, à l’effondrement général. Le colonialisme, la politique de répression violente et le régime d’apartheid de ce pays sont des faits indéniables. S’entêter dans le déni, c’est entretenir le feu dans les cerveaux des uns et le leurre dans les cerveaux des autres. Nous savons tous par ailleurs que l’islamisme incendiaire s’est largement nourri de cette plaie ouverte qui ne s’appelle pas pour rien « la Terre sainte ». Je vous rappelle au passage que le Hezbollah est né au Liban au lendemain de l’occupation israélienne, en 1982, et que les désastreuses guerres du Golfe ont donné un coup d’accélérateur fatal au fanatisme religieux dans la région.

Qu’une bonne partie des Israéliens reste traumatisée par l’abomination de la Shoah et qu’il faille en tenir compte, cela va de soi. Que vous soyez occupé à prévenir les actes antisémites en France, cela aussi est une évidence. Mais que vous en arriviez au point de ne plus rien entendre de ce qui se vit ailleurs et autrement, de nier une souffrance au prétexte d’en soigner une autre, cela ne contribue pas à pacifier. Cela revient à censurer, diviser, boucher l’horizon. Combien de temps encore allez-vous, ainsi que les autorités allemandes, continuer à puiser dans la peur du peuple juif un remède à votre culpabilité ? Elle n’est plus tolérable cette logique qui consiste à s’acquitter d’un passé odieux en en faisant porter le poids à ceux qui n’y sont pour rien. écoutez plutôt les dissidents israéliens qui, eux, entretiennent l’honneur. Ils sont nombreux à vous alerter, depuis Israël et les états-Unis.

Commencez, vous les Européens, par exiger l’arrêt immédiat des bombardements de Gaza. Vous n’affaiblirez pas le Hamas ni ne protégerez les Israéliens en laissant la guerre se poursuivre. Usez de votre voix non pas seulement pour un aménagement de corridors humanitaires dans le sillage de la politique américaine, mais pour un appel à la paix ! La souffrance endurée, une décennie après l’autre, par les Palestiniens n’est plus soutenable. Cessez d’accorder votre blanc-seing à la politique israélienne qui emmène tout le monde dans le mur, ses citoyens inclus. La reconnaissance, par les états-Unis, en 2018, de Jérusalem capitale d’Israël ne vous a pas fait broncher. Ce n’était pas qu’une insulte à l’histoire, c’était une bombe. Votre mission était de défendre le bon sens que prônait Germaine Tillion « Une Jérusalem internationale, ouverte aux trois monothéismes. » Vous avez avalisé, cette même année, l’adoption par la Knesset de la loi fondamentale définissant Israël comme « l’état-Nation du peuple juif ». Avez-vous songé un instant, en vous taisant, aux vingt et un pour cent d’Israéliens non juifs ? L’année suivante, vous avez pour votre part, Monsieur le Président, annoncé que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme. » La boucle était bouclée. D’une formule, vous avez mis une croix sur toutes les nuances. Vous avez feint d’ignorer que, d’Isaac Breuer à Albert Einstein, un grand nombre de penseurs juifs étaient antisionistes. Vous avez nié tous ceux d’entre nous qui se battent pour faire reculer l’antisémitisme sans laisser tomber les Palestiniens. Vous passez outre le long chemin que nous avons fait, du côté dit « antisioniste », pour changer de vocabulaire, pour reconnaître Israël, pour vouloir un avenir qui reprenne en compte les belles heures d’un passé partagé. Les flots de haine qui circulent sur les réseaux sociaux, à l’égard des uns comme des autres, n’exigent-ils pas du responsable que vous êtes un surcroît de vigilance dans l’emploi des mots, la construction des phrases ? à propos de paix, Monsieur le Président, l’absence de ce mot dans votre bouche, au lendemain du 7 octobre, nous a sidérés. Que cherchons-nous d’autre qu’elle au moment où la planète flirte avec le vide ?

Les accords d’Abraham ont porté le mépris, l’arrogance capitaliste et la mauvaise foi politique à leur comble. Est-il acceptable de réduire la culture arabe et islamique à des contrats juteux assortis – avec le concours passif de la France – d’accords de paix gérés comme des affaires immobilières ? Le projet sioniste est dans une impasse. Aider les Israéliens à en sortir demande un immense effort d’imagination et d’empathie qui est le contraire de la complaisance aveuglée. Assurer la sécurité du peuple israélien c’est l’aider à penser l’avenir, à l’anticiper, et non pas le fixer une fois pour toutes à l’endroit de votre bonne conscience, l’œil collé au rétroviseur. Ici, au Liban, nous avons échoué à faire en sorte que vivre et vivre ensemble ne soient qu’une et même chose. Par notre faute ? En partie, oui. Mais pas seulement. Loin de là. Ce projet était l’inverse du projet israélien qui n’a cessé de manœuvrer pour le rendre impossible, pour prouver la faillite de la coexistence, pour encourager la fragmentation communautaire, les ghettos. à présent que toute cette partie du monde est au fond du trou, n’est-il pas temps de décider de tout faire autrement ? Seule une réinvention radicale de son histoire peut rétablir de l’horizon.

En attendant, la situation dégénère de jour en jour : il n’y a plus de place pour les postures indignées et les déclarations humanitaires. Nous voulons des actes. Revenez aux règles élémentaires du droit international. Demandez l’application, pour commencer, des résolutions de l’ONU. La mise en demeure des islamistes passe par celle des autorités israéliennes. Cessez de soutenir le nationalisme religieux d’un côté et de le fustiger de l’autre. Combattez les deux. Rompez cette atmosphère malsaine qui donne aux Français de religion musulmane le sentiment d’être en trop s’ils ne sont pas muets.

Écoutez Nelson Mandela, admiré de tous à bon compte : « Nous savons parfaitement que notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens, » disait-il sans détour. Il savait, lui, qu’on ne fabrique que de la haine sur les bases de l’humiliation. On traitait d’animaux les noirs d’Afrique du Sud. Les juifs aussi étaient traités d’animaux par les nazis. Est-il pensable que personne, parmi vous, n’ait publiquement dénoncé l’emploi de ce mot par un ministre israélien au sujet du peuple palestinien ? N’est-il pas temps d’aider les mémoires à communiquer, de les entendre, de chercher à comprendre là où ça coince, là où ça fait mal, plutôt que de céder aux affects primaires et de renforcer les verrous ? Et si la douleur immense qu’éprouve chaque habitant de cette région pouvait être le déclic d’un début de volonté commune de tout faire autrement ? Et si l’on comprenait soudain, à force d’épuisement, qu’il suffit d’un rien pour faire la paix, tout comme il suffit d’un rien pour déclencher la guerre ? Ce « rien » nécessaire à la paix, êtes-vous sûrs d’en avoir fait le tour ? Je connais beaucoup d’Israéliens qui rêvent, comme moi, d’un mouvement de reconnaissance, d’un retour à la raison, d’une vie commune. Nous ne sommes qu’une minorité ? Quelle était la proportion des résistants français lors de l’occupation ? N’enterrez pas ce mouvement. Encouragez-le. Ne cédez pas à la fusion morbide de la phobie et de la peur. Ce n’est plus seulement de la liberté de tous qu’il s’agit désormais. C’est d’un minimum d’équilibre et de clarté politique en dehors desquels c’est la sécurité mondiale qui risque d’être dynamitée.

Par Dominique EDDÉ. écrivaine.

Chaos in Chaos

September 21st, 2024

Martin Andrieux

September 5th, 2024

Si vous passez par Portbail, dans le Cotentin, allez voir le travail de Martin Andrieux à la galerie des Arches.

Site web

Conspiracy Theory… explained

July 15th, 2024

AI, the Sad Engineers and the Myth

March 1st, 2024

Great cartoon by Forrest Brazeal (@forrestbrazeal).

As a bonus, the post of the day from François Chollet (@fchollet).

My view of the capabilities of LLMs is probably far below that of the median tech industry person. And yet, the more time passes the more I realize my 2023 views were actually overestimating their future potential and current usefulness.

Parallel to self-driving: circa 2016-2017 my view on the timeline for full-scale self-driving deployment was much more pessimistic than most people in the industry — I was envisioning ~2023, when everyone else targeted 2020 or earlier. And yet, as time passed I started realizing that I was being grossly overoptimistic.

Of course factualism doesn’t sell — if I wanted to be more of an AI influencer I would have to be constantly tweeting about how AI is going to replace all programmers and doctors and so on in less than a year. That sounds exciting and positive, and it gets great engagement!

Instead, I’m giving the impression of being an AI pessimist — despite having being extra-bullish on deep learning and AI for over 10 years straight.

I have been a huge believer in AI’s potential for a long time. Still am today. But I’m allergic to mindless hype.

NVIDIA’s Jen-Hsun Huang about Intellectual Honesty

February 22nd, 2024

Jen-Hsun Huang: Stanford student and Entrepreneur, co-founder and CEO of NVIDIA

Great sequence about failure, innovation and "intellectual honesty" to guide the process.

LLM, what they are, what they ain’t

February 10th, 2024

Yet another insightful tweet by François Chollet (@fchollet):

People seem to be falling for two rather thoughtless extremes:

  1. "LLMs are AGI, they work like the human brain, they can reason, etc."
  2. "LLMs are dumb and useless."

Reality is that LLMs are not AGI — they’re a big curve fit to a very large dataset. They work via memorization and interpolation. But that interpolative curve can be tremendously useful, if you want to automate a known task that’s a match for its training data distribution.

Memorization works, as long as you don’t need to adapt to novelty. You don’t *need* intelligence to achieve usefulness across a set of known, fixed scenarios.

In fact, that’s the entire story of the field of AI so far: achieve increasing levels of usefulness and automation, while bypassing the problem of creating intelligence.

Cathedral, Mountain and Moon

December 26th, 2023

Photographer Valerio Minato shot this amazing triple-alignment involving the Basilica of Superga, the Monviso and the moon.

From NASA’s Astronomy Picture of the Day

Three categories of problem solving patterns

November 1st, 2023

I think there are broadly three categories of problem solving patterns — recitation, intuition, and reasoning.

Recitation: you simply recognize a known problem and apply the steps you’ve learned. Like playing a chess opening.

Intuition: in the face of a novel situation, you (mostly subconsciously) pattern-match it to what you’ve encountered before and you “just know” what to do (sometimes without really understanding why). Could be done completely in autopilot — no awareness required. Like a very experienced chess player seeing the best move in <1s.

Reasoning: you consciously and deliberately analyze a novel situation, using a combination of abstract principles and step-by-step simulation. Like analyzing a chess position and simulating in your mind possible future trajectories.

  1. Recitation is a database lookup.
  2. Intuition is interpolative generalization or proximity-based generalization in a continuous space.
  3. Reasoning is discrete search and discrete planning.

Deep Learning (DL) models do chiefly 2, with some 1 in the mix. Some rare AI systems attempt to do 3.

Humans do a combination of 2 and 3, for the most part (recitation is a thing but is les common). By "volume", most cognition is intuition, but reasoning accounts for the most critical bits.

The term "combination" here is important. Pretty much every conscious human thought is a mix of both intuition and reasoning. There is hardly anything that is pure reasoning or pure intuition (though unconscious processing is in fact pure intuition).

The fact that you do not have to consciously think about grammar and wording when speaking in your native language (though you have to consciously follow the thread of what you
mean) was always evidence that natural language fluency could be handled by intuitive systems (DL).

Meanwhile, making sense (other than via recitation or accident) does require reasoning. Sense and fluency are distinct — obviously.

Plouguerneau

October 18th, 2023

Encore une superbe photographie d’Adrien le Moigne (@Adilemoigne)

Team

August 11th, 2023


A team is not a group of people who work together.
A team is a group of people who trust each other.

This sentence raises the bar to building the team to a personal health project.
It is not about finding the right specialists to address specific health issues, but to find a group of people who are able to trust each other on the global project’s scope.

Mont Saint-Michel

January 22nd, 2023

Adrien le Moigne (@Adilemoigne) prépare une série photographique sur le Mont Saint-Michel. C’est très prometteur !

Grande année 2022 pour la course au large

January 1st, 2023

Crédit vidéo : PolaRYSE / FFVoile

Blockchain (do you need it?)

December 3rd, 2022

Picture from NISTIR 8202 — Blockchain Technology Overview).

Le cardiologue, Knock ou doudou ?

November 26th, 2022

Les patients qui étaient vus toutes les années pour rien par le confrère parti à la retraite ont du mal à décrocher. Malgré mes explications, ils continuent à prendre rendez-vous « pour un contrôle ».
Évidement, à côté, je refuse des patients qui voudraient me voir parce que ça ne va pas. 🤬🤬🤬
En fait, c’était Knock, mais en vrai.

Je l’ai déjà dit, mais un jour, j’ai compris un truc fondamental du métier de cardiologue. Ça a fait un déclic, et ma vision du métier a changé.
On nous voit comme arrogants, faisant une spécialité complexe et effrayante, et très techniciens.
Il y a du vrai (pour l’arrogance, notamment). Mais la vérité fondamentale de notre spé est ailleurs.
Nous sommes les doudous des autres médecins et des patients. Comme les doudous, nous rassurons bien plus que nous protégeons contre les dangers.

Objectivement, je passe mes journées à rassurer des confrères (simplement hier: DDimeres à 6 chez une dame de 96 ans, pas dyspnéique), ou les patients.
Pour ces derniers, je passe les journées à confirmer à des adultes qui font n’importe quoi (tabac, alcool, gras, sel, sédentarité marmoréenne, cocaine, cannabis) que ce n’est pas bon pour leur santé.
Et finalement mon intervention change vraiment la vie de très peu de patients, peut-être 1/10.
Mon métier, en vrai, c’est doudou.

Le confrère qui est parti et sur lequel je peste depuis des mois est en fait bien plus intelligent que moi.
Il a compris ça bien avant moi, et il a décidé d’en faire son métier.
Il voyait bien 80-85% de gens qui n’avaient rien toutes les années. Ça les rassurait et ça rassurait leur MG, tout le monde était content. C’était un très bon doudou.
Moi, je suis un mauvais doudou. J’aimerais bien soigner objectivement les patients. Mais c’est compliqué.

His final words (on Twitter)

November 19th, 2022

Adam Cifu (@adamcifu) describes himself as "Internist, professor, patient." His final words on Twitter may be shared by most aging medical doctors I know… except, maybe for the NNT ;)

  • I still like the number needed to treat.
  • Observational studies should not guide practice.
  • If I had to do it all again, I would be doing the same job.
  • As you spend time in your practice, more of your friends become your patients, and more of your patients become your friends.
  • Medicine is so hard because there are a finite (but unknowable) number of diseases that can present in an infinite number of ways.

Of Fatal Flaws

October 11th, 2022

I’ve worked on a number of high-profile failures:

  • Lytro lightfield cameras
  • Google Glass head-mounted computer
  • Google Clips automatic photographer

They all had a fatal flaw. Everyone saw the flaw. But the culture that arose in these teams purposefully ignored the flaw.

Lytro lightfield camera

The Lytro lightfield camera made truly amazing one-shot 3D pictures from a tiny camera.

What was its flaw?

It could only take pictures of very small subjects, like sushi. For larger subjects, like people, the benefits were lost.

Yet people mostly take pictures of people!

The limitation is due to simple geometry. You need a lens roughly the same size as your subject to get the awesome 3D information. But no one can carry a camera with a meter-wide lens on vacation.

This fatal flaw stared everyone in the face for years, yet no one blinked.

The marketing team found ever more contrived photo compositions that would still eke out a little 3D effect.

The engineers went to work making cameras so big they were moved on custom-built cranes.

The PMs tried to find ever-smaller niche markets.

The culture that arose spontaneously at Lytro suppressed its fatal flaw.

Everyone knew, deep-down, that middle-school geometry doomed the design, but everyone also fervently believed that it could somehow be overcome by sheer will, or hard work, or a stroke of genius.

The theme here is that the cultures that arise around products, methods, and inventions often grow to exclude discussion of their fatal flaws, and instead find elaborate ways to paper over them… to find more and more clever ways to pretend they don’t exist.

Google Glass

Google Glass actually had two fatal flaws:

  • It didn’t really do anything very useful.
  • You looked stupid while wearing it.

The culture in the Google Glass team grew to completely ignore these flaws, too.

Huge engineering efforts were spent looking for a "killer app" for Glass — some task or situation where Glass would be indispensable.

No one inside Google ever found one, but the culture couldn’t accept its own conclusion.

They released an "Explorer Edition" with great fanfare, and invited developers everywhere to help scour the land for a killer app for Glass.

They never found one, either.

The screen was just too small, and too awkwardly-placed in the corner of your eye.

The engineers spent their days testing Glass with vapid questions like, "Ok Glass, how tall is the Eiffel Tower?" and taking phots of the potted plants on their desks.

Phone notifications are bad enough. No one wanted them on their faces, too.

Glass just wasn’t useful.

Wearing Glass also made you look stupid.

No one ever wore Glass at the office. The devices sat on our desks, plugged into USB, endlessly charging.

The team tried to paper over this flaw, too. They launched an infamous photo spread in Vogue.

Unsurprisingly (at least in retrospect) that also failed to change the reality of Glass’s fatal flaws.

The team never directly acknowledged the fatal flaws at all.

Instead, they trundled on, trying to push an ugly, useless product into a market that clearly didn’t want it.

Google Clips

Finally, I worked on yet another weird camera that had a lot of potential: Google Clips.

It was a tiny camera that you could put anywhere, and it would work as your "automatic photographer."

It would wait for smiles and good lighting, then opportunistically take photos.

It was, honestly, a great idea!

Who wouldn’t want to come home and find a whole reel of awesome photos of your friends, with no effort beyond clipping a camera to your jacket?

Of course, it also had a fatal flaw. The pictures were taken from weird vantage points.

It turns out that humans only like pictures that are taken from the perspective of other humans’ eyes.

It’s a basic feature of our psychology, and it makes perfect sense.

We don’t like the vibe of pictures taken from tabletops or backpacks or lapel pins or dog collars.

To their credit, the UX team at Clips quickly uncovered this fatal flaw. It’s almost a no-brainer, once you start actually looking at pictures taken from uncontrolled perspectives.

Was the project canceled after this fatal flaw was discovered? Of course not!

Instead, the team again tried to paper over the flaw.

They tried to add AI-based perspective correction. They tried view synthesis, so the camera could be virtually "moved" a few inches. They tried ever more elaborate (and ever more intrusive) mounting hardware.

Even those sophisticated techniques were woefully insufficient to fix the fatal flaw at its core.

Then they tried to spruce the product up with ancillary features like time lapses.

Then they brought Clips all the way to market… where it very predictably failed.

The lesson here is simply that all engineering projects develop their own cultures over time.

The cultures often grow to silence or downplay fatal flaws in the product, perhaps because it must be done to keep people marching along together.

If you notice such a fatal flaw in your own project, you’re probably not alone. Your colleagues probably notice it, too.

Yet… it may remain unspoken for years, then one day suddenly define the entire arc of your project.

In your own teams, encourage continual scrutiny of your product’s central flaws.

Encourage people to talk openly about the elephants in the room.

Build culture where people can say, "this is an unsolved problem, and we may not have a viable product if it is not solved."

J’ai encore un peu de force, c’est pour la donner !

September 19th, 2022

Au début du mois de septembre, la grande résistante Madeleine Riffaud, 98 ans, a vécu un calvaire à l’Hôpital Lariboisière. Elle a été abandonnée sur un brancard sans manger pendant 24 heures. Dans cette tribune à l’intention de Nicolas Revel, Directeur de l’APHP, elle dénonce l’état révoltant de l’hôpital public.

Il y a deux semaines, j’ai dû me rendre aux urgences pour un examen important dû à un covid long, variant omicron.

Le SAMU m’a emmenée à l’hôpital Lariboisière, à midi et demi, le dimanche 4 septembre pour examens. Je me suis retrouvée couchée au milieu de malades qui hurlaient de douleur, de rage, d’abandon, que sais-je. Et les infirmières couraient là-dedans, débordées… Elles distribuaient des « J’arrive ! » et des « ça marche ! » « J’arrive, j’arrive ! ». Mais personne n’arrivait. Jamais.

Moi-même, j’ai mis douze heures pour obtenir la moitié d’un verre d’une eau douteuse. Tiède. Je suis restée 24 heures sur le même brancard, sans rien manger, dans un no man’s land. C’était Kafka.

Rendez-vous compte : je suis aveugle. Je sentais parfois qu’on emportait mon brancard, que je traversais une cour, peut-être ? Il faisait plus froid, c’est tout ce que je peux dire. Et puis on m’a laissée là, sans aucune affaire, sans moyen de communication avec mes proches (qu’on ne prévenait d’ailleurs pas de l’évolution de la situation, seul le docteur Christophe Prudhomme a pu avoir quelques nouvelles, je le remercie ici).

Étais-je dans un couloir ? Dans une salle commune ? Au bout d’un moment, j’ai vraiment cru que je devenais folle. Ah, si j’avais eu un appareil photo comme quand j’étais reporter de guerre… Si j’avais pu voir ce que j’entendais… Dès l’arrivée à l’hôpital, mon ambulance est passée devant des gens d’une absolue pauvreté, qui se plaignaient à grands cris d’avoir été refoulés.

Drogue ? Misère sociale ?

Ceux-là n’ont même pas été admis dans « le service-porte », la foire aux malades, l’antichambre de l’hôpital par où l’on accède aux urgences. Les infirmières, qui n’ont déjà pas assez de temps à consacrer aux malades admis entre les murs, les voient forcément quand elles vont prendre leur service.

Nul doute que leur vocation est réduite en charpie depuis longtemps. D’où les « Ça marche », les « J’arrive. » J’ai entendu ça toute la nuit.

Les infirmières et aides-soignants, je les connais bien, j’ai vécu parmi eux, je sais qu’elles auraient éperdument voulu arriver à s’occuper de chacun… Et surtout que l’hôpital marche.

Le lendemain après-midi, l’hôpital n’ayant pas de lit disponible pour moi, on m’a transférée dans une clinique privée, sans jamais avoir prévenu mes proches. J’étais la troisième âme errante que cette clinique réceptionnait ce jour-là.

J’avais déjà fait une enquête de l’intérieur en 1974, en m’engageant incognito comme aide-soignante dans un service de chirurgie cardio-vasculaire d’un hôpital parisien. J’avais aussi travaillé au SAMU dans le service du professeur Huguenard à l’hôpital Mondor. De cette immersion, j’ai publié le livre « Les linges de la nuit » qui s’est vendu à près d’un million d’exemplaires en 1974 (réédité chez Michel Laffont en 2021).

Hôpital d’il y a cinquante ans ou hôpital ultramoderne, les problèmes sont toujours les mêmes : manque de personnel qualifié, manque de crédit, l’écart se creuse entre la technique de la médecine de pointe et les moyens mis à sa disposition.

Après la sortie du livre, j’avais rencontré le directeur de l’Assistance Publique dans un face à face télévisé. Nous étions tombés d’accord sur tous les points ! Tout le monde est d’accord, sauf les gouvernements qui se suivent et qui, au mieux, ne bougent pas.

Nous avions été nombreux, au cours des années, à témoigner sur l’état lamentable de la santé. Durant tout ce temps, aucun dirigeant n’a voulu entendre. Si la pandémie de 2020 a changé quelque chose, c’est en mal&nbsp,: le personnel est épuisé. L’état les a tous abandonnés, soignants comme malades.

Ma mésaventure, c’est une histoire quotidienne dans l’hôpital en France.

Mon sort est celui de millions de Parisiens et de Français.

Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais demandé de passe-droit de toute ma vie. Mon âge n’y change rien. Mais j’ai remarqué qu’il était presque une circonstance aggravante, et ce pour deux raisons :

  1. On pensait que j’étais trop vieille pour que ça vaille la peine de me soigner (réflexe pris lors de l’épidémie de covid ?).
  2. Dès que je parlais, on se disait que j’étais gâteuse et on pensait d’emblée que je racontais n’importe quoi… alors pas la peine de m’écouter.

Pourtant, j’ai une voix. Une voix qui ne s’en est jamais prise au personnel. Ça ne changera pas.

Évidemment, j’ai mal, mais je vais continuer à me bagarrer, comme d’habitude.

Moi, j’ai de la chance, j’ai des amis, et des confrères journalistes. Mais tous ces pauvres gens qui n’ont personne, que peuvent-ils faire ? Quand on entre dans le circuit infernal, quand on est aspirés dans le néant des urgences, on ne peut pas en sortir indemne. Parfois même, on n’en sort pas vivant… L’infirmier libéral qui vient à mon domicile m’a dit que c’était arrivé à un de ses patients, il y a trois semaines.

Si je peux être leur voix – comme Aubrac m’avait demandé d’être l’une de celle de la Résistance – alors je le serai.

J’ai encore un peu de force, c’est pour la donner !

Madeleine Riffaud

Paris, le 19 septembre 2022

Texte original

Without you!

September 12th, 2022

Even through impenetrable darkness Ukraine and the civilized world see these acts of terrorism clearly.
Deliberate, cynical missile strikes on civilian critical infrastructure. No military targets. The Kharkiv and Donetsk regions are without power. In Zaporizhia, Dnipropetrovsk, and Sumy there are issues with food supply.

Do you still believe that we are one people?
Do you still think that you can frighten, crush, and bend us into submission?
You really understand nothing?
You don’t realize who we are? What we are for? What we are about?

Read my lips:
No gas or no you? No you.
No lights or no you? No you.
No water or no you? No you.
No food or no you? No you.
Cold, hunger, darkness, and thirst – for us these are less frightening and less deadly than your friendship and brotherhood.

But history will arrange everything.

And we will have gas, electricity, water, and food – and we won’t have you.


Ukrainian president Volodymyr Zelensky

Sans vous !

September 12th, 2022

Même dans l’obscurité totale, l’Ukraine et le monde civilisé voient clairement ces actes terroristes.
Des attaques de missiles délibérées et cyniques sur des infrastructures civiles critiques. Pas de cibles militaires. Les régions de Kharkiv et de Donetsk privées d’électricité. Zaporizhzhia, Dnipropetrovsk, Sumy, toutes partiellement privées de courant.

Pensez-vous toujours que nous ne sommes « qu’un seul peuple » ?
Pensez-vous encore que vous pouvez nous effrayer, nous briser, nous persuader de faire des concessions ?
Vous ne comprenez donc vraiment rien ?
Vous ne comprenez donc pas qui nous sommes ? Ce que nous défendons ? De quoi il s’agit pour nous ?

Lisez sur mes lèvres :
Sans gaz ou sans vous ? Sans vous.
Sans électricité ou sans vous ? Sans vous.
Sans eau ou sans vous ? Sans vous.
Sans nourriture ou sans vous ? Sans vous.
Parce que pour nous le froid, la faim, l’obscurité et la soif ne sont pas aussi terribles et mortels pour nous que votre « amitié et fraternité ».

Mais l’histoire remettra tout à sa place.

Nous aurons du gaz, de la lumière, de l’eau et de la nourriture… et tout cela, nous l’aurons SANS vous !


Volodymyr Zelensky, Président de l’Ukraine


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